Le gif et la 3D s'invitent dans la photographie

Le GIF, on le voit tous comme cette image kitsh animée en 8 bits qui envahissait les pages web à une époque aujourd'hui presque ancienne, image souvent aux couleurs criardes et dont l'intérêt d'utilisation était quasiment inexistant, en plus d'être une hérésie pour les yeux du lecteur. Pourtant, ce format est remis au goût du jour et ne semble pas prêt de disparaître de sitôt, apparaissant désormais dans de nombreux milieux artistiques, clips, images et photographies.


Premier exemple, ce tumblr où l'on trouve une multitude de gifs animés reprenant des scènes de cinéma, immortalisant un mouvement, une scène, un regard, célébrant ainsi la justesse d'une danse endiablée de Pulp Fiction ou bien encore l'attitude désinvolte d'un Don Corleone dans The godfather. Bref, beaucoup de films cultes passent à cet exercice déroutant et plutôt intriguant, voir ci-dessus le visage culte du personnage dans le Psychose du grand Hitchock ou ici-bas la célèbre Amélie Poulain et la grande Bardot dans le superbe mépris de Godart.

D'autres, comme MIA et MGMT, ont fait du collage kitsh et de tout ce qui touche au foutoir visuel une certaine marque de fabrique pour certains de leurs clips, un résultat loin d'être déplaisant d'ailleurs, bien au contraire. Là où ailleurs la recherche du beau dicte ses règles quitte à nager dans le superficiel, certains osent le laid pour en tirer un certain charme, et voilà une idée bien audacieuse. 

Le gif montre ainsi qu'il permet une originalité supplémentaire, d'oser le tout et n'importe quoi, quitte à déstabiliser le spectateur non habitué, certains ne se privent alors pas d'en faire un best-of comme cette vidéo dont le kitsh est ce qu'il y a au final de plus attrayant. 



Il s'agit là d'une vidéo de l'artiste Evan Roth qui s'est fait connaître en travaillant autour de la culture populaire. Le résultat est juste excellent visuellement, addictif de par le fait que chaque seconde à venir promet de nouvelles surprises. Le tout reste assez inégal musicalement mais l’artiste essai d’associer des mouvements à des rythmes, ça tourne parfois au vidéo gag avec des gifs vues et revues sur le web, mais grand bien nous en fasse avec cette petite apothéose venant résumer la vaste blague que l'on retient aujourd'hui de ce format gif.

L'artiste Aram Bartholl s'est également inspiré de la culture internet afin de l'immortaliser dans des photos, on tient bien là une véritable mode, celle d'amener dans le réel ce qui touche à la culture du virtuel. Et pour finir avec les gifs animés travaillés, voici également un site sur lequel vous pourrez en trouver des dizaines, artistiques et assez sympathiques.

Passons maintenant à une toute nouvelle artiste dont les photographies font le tour du web en ce moment.


Elle s'appelle Jamie Beck et tout provient de son blog (sur lequel vous trouverez une foule d'autres photos), il s'agit d'une photographe New-Yorkaise passionnée de cinéma. Elle a réussi à allier ses deux passions afin de s'adonner à la création de photos animées, un procédé tout nouveau intitulé le cinemagraph, le nom renvoie bien évidemment au cinématographe des frères Lumières inventé en 1895 et à toutes autres inventions le précédant. Jamie Beck n'est d'ailleurs pas la seule créditée autour de ce nouvel intitulé, le nom de Kevin Burg l'accompagne, il s'agit d'un web-designer.

Tel que vous le voyez, voilà une manière de capter habilement un élément, un mouvement, aussi furtif soit-il, dans une élégance quasi-publicitaire pour le style, et honnêtement superbe, capable de durer éternellement. On a alors là des photographies qui retracent un mouvement s'inscrivant dans la durée, difficile de rêver mieux pour ce qui touche encore à la photographie sans être une vidéo, surtout qu'il n'y a aucune coupure visible entre deux répétitions de mouvement, vous pourrez même distinguer le reflet du mouvement dans le miroir à gauche pour la photo plus haut, étonnant et efficace.


Petite parenthèse à ouvrir pour un genre différent de la photographie mais toujours dans le but d'illustrer cette répétition inlassable de mouvements ou d'effets qui virevoltent en boucle. On trouvera par exemple les animations de l'artiste Emilio Gomariz. Celui-ci s'exprime à propos de ce qu'il fait : "Il y a plusieurs expériences avec le corps humain. Le travail est basé sur des collages en 3D, j'utilise des modèles 3D que je trouve sur Internet, je coupe et je réorganise les extrémités dans le but de créer une animation en boucle", propos se trouvant à cette page où vous trouverez deux oeuvres supplémentaires dans le même esprit.


L'une de ses oeuvres la plus astucieuse et attirante doit être celle ci-dessus, on ne se lasse pas de la regarder et d'observer chaque mouvements dans cette roue de bras tournoyant indéfiniment.  On se retrouve devant un résultat improbable, compréhensible dans sa forme, à la fois fascinant et impressionnant. Pour visiter le site officiel de cet artiste et y découvrir d'autres choses somptueuses c'est par ici, vous pourrez ensuite les trouver dans le navigateur sur la gauche et c'est vraiment à voir.  Un artiste donc à suivre de près, dont la méthode d'animation en 3D s'avère étonnante, que dis-je : Bluffante.

La paranthèse maintenant fermée autour de cette utilisation de la 3D d'animation pour le mouvement à répétition (des corps et autres), retournons donc à la photographie qui elle aussi se voit envahie par la 3D, très en vogue aujourd'hui. La technique de stéréoscopie n'est pourtant pas nouvelle puisque date du XVIIIème siècle, elle permet de produire des images en 3D en assemblant simplement différentes prises de vue en 2D, chose que les appareils photos numériques d'aujourd'hui font. Pour voir plusieurs exemples c'est ici.
Cliquez dessus pour voir en 3D

Rien de bien extra-ordinaire à ce niveau donc. Avec la 3D point question de capturer un mouvement dans le temps, mais plutôt de capturer un espace et de le rendre plus accessible, plus instable. De là à le sentir plus proche de nous en le faisant bouger de 3 minimètres de gauche à droite... Pas vraiment non, surtout que l'on retrouve assez cet aspect maladroit reproché aux gifs animés d'autrefois.


Si la photographie permet donc de capturer un instant fixe, et la 3D un bout d'environnement avec, le gif animé dans une photo quant à lui permet de garder bien plus que ça : un effet de la réalité sans mettre le pied dans le format vidéo, ce qui est véritablement ingénieux. Les techniques photographiques ont donc encore de belles évolutions devant elles, en passant par le gif animé ou la 3D stéréoscopique, et on peut se douter que d'autres artistes se jetteront sur ces nouvelles techniques pour les adapter et les transcender dans de nouvelles oeuvres.


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